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En grave danger d'extinction, le tigre de Malaisie face au braconnage
En grave danger d'extinction, le tigre de Malaisie face au braconnage / Photo: MOHD RASFAN - AFP/Archives

En grave danger d'extinction, le tigre de Malaisie face au braconnage

Durant deux ans, les écologistes malaisiens ont suivi le parcours de Bulan, une tigresse avec quatre petits, avant qu'un tragique accident ne mette fin à ses jours et réduise encore un peu plus la population de l'animal national de Malaisie.

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Dans les années 1950, on comptait environ 3.000 tigres dans le pays, contre moins de 150 en liberté aujourd'hui, selon les données officielles.

Le tigre de Malaisie est classé en danger critique d'extinction sur la Liste rouge de l'Union internationale pour la conservation de la nature (UICN). L'espèce est victime d'une réduction de son habitat et de sa nourriture à cause des activités humaines, mais surtout, du braconnage.

Bulan ("lune" en malais), a été tuée l'année dernière sur l'autoroute qui traverse la péninsule d'est en ouest.

"Nous étions dévastés quand nous l'avons perdue," raconte Lara Ariffin, présidente de l'ONG de protection du tigre de Malaisie (RIMAU).

Le pire, "c'est qu'elle a été charcutée après s'être fait rouler dessus" insiste-t-elle auprès de l'AFP, en montrant des photos de la carcasse de l'animal.

"Ils ont pris ses canines, ses griffes, pour moi, c'est comme profaner un cadavre."

Le mois dernier, le gouvernement a annoncé intensifier sa lutte contre les infractions à la faune sauvage, en introduisant de nouveaux pièges photographiques équipés d'intelligence artificielle, et en renforçant la détection de la contrebande dans les aéroports.

Mais experts et responsables gouvernementaux admettent que les efforts sont loin d'être suffisants pour protéger le félin.

- Trafic transfrontalier -

Une carcasse de tigre de Malaisie seule peut rapporter environ 60.000 dollars américains sur le marché noir, selon le département de la vie sauvage et des parc nationaux de Malaisie, une agence gouvernementale.

"Rien que la fourrure peut rapporter environ 24.000 dollars, tandis qu'un pénis de tigre, 5.000 dollars", a déclaré le mois dernier Abdul Kadir Abu Hashim, son directeur général, au journal local The New Straits Times.

Un kilo d'os de tigre se vend environ 1.186 dollars, tandis que les dents, les griffes et même les moustaches, utilisées en acupuncture, atteignent environ 118 dollars chacune, poursuit M. Kadir.

Son service n'a pas répondu à la sollicitation de l'AFP.

Même s'ils échappent aux tirs des braconniers, les animaux peuvent être blessés par leurs pièges faits de plastique, de cordes et de câbles en métal.

Des réseaux transfrontaliers utilisent les routes traditionnelles du trafic de drogue, d'armes et d'êtres humains pour acheminer leurs marchandises vers le Vietnam ou la Chine.

- Gardes forestiers -

Au cours des six premiers mois de 2025, des opérations conjointes de la police et des services de protection de la vie sauvage ont arrêté 201 personnes, et saisi pour environ 30,5 millions de dollars de biens illégaux, selon Azmi Abu Kassim, le plus haut responsable du département de la sécurité intérieure et de l'ordre public de Malaisie.

Les programmes communautaires menés par des ONG telles que RIMAU emploient plus de 1.000 gardes forestiers.

"La Malaisie a fait de grands progrès dans la lutte contre le braconnage", soutient Lara Ariffin, qui a également réalisé un documentaire intitulé "Les derniers tigres de Malaisie".

"Nous avançons dans la bonne direction, mais il n'y a pas de succès garanti du jour au lendemain."

Selon la branche locale de l'ONG Wildlife Conservation Society, 5.000 gardes forestiers seraient nécessaires pour surveiller efficacement les habitats du tigre de Malaisie.

"Les braconniers peuvent continuer à opérer parce qu'ils sont plus nombreux que les agents chargés de faire respecter la loi et, une fois qu'ils sont dans la jungle, c'est comme chercher une aiguille dans une botte de foin", soutient Mark Rayan Darmaraj, le responsable de l'ONG en Malaisie.

Ce point de vue est partagé par d'autres ONG oeuvrant pour la conservation de l'espèce.

"Le problème n'est pas un manque d'engagement, mais un manque de moyens", a déclaré WWF-Malaisie à l'AFP.

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