

A Rome, les fouilles archéologiques débutent dès l'aube pour éviter la canicule
Dans un chantier archéologique du Forum romain écrasé de chaleur, Giulio Varricchio, maçon, consulte son téléphone et surveille le niveau de risque pour la santé des travailleurs.
Si le site "Worklimate", mis en place par le gouvernement, affiche un risque "élevé" sur la capitale italienne, lui et ses collègues pourront quitter le chantier à midi et demi, explique cet ouvrier de 54 ans.
Alors qu’une vague de chaleur touche actuellement le sud de l'Europe, quinze régions sur les vingt que compte l'Italie, dont le Latium, celle de Rome, ont imposé l'interruption du travail en extérieur entre 12h30 et 16h00 si les risques pour la santé dépassent un certain seuil, notamment dans les chantiers et les entreprises agricoles.
Au total, trois millions de salariés sont potentiellement concernés, d'après le quotidien La Stampa.
Mercredi, le site plaçait Rome dans la liste des villes où les chantiers devaient fermer quand le soleil atteint son zénith, colorant de rouge vif une grande partie de la carte de la région.
Le chantier où travaille M. Varricchio est destiné à faire réémerger une partie du Forum de la Paix, construit sous l'empereur Vespasien, à environ six mètres de profondeur par rapport à la route adjacente.
"Le grand problème c'est l'humidité, on ne respire pas", explique M. Varricchio, "et en travaillant dans les fouilles archéologiques, en dessous du niveau du sol, c'est encore plus difficile".
Depuis l'entrée en vigueur de l'ordonnance régionale, les journées de travail débutent plus tôt, dès 5h30 du matin, sur ce chantier de fouilles, parsemé de rares points d'ombre improvisés et tout s'arrête à 12H3O, en fonction du niveau de risque.
- "Organisme en souffrance" -
Attaquer à l'aube n'apporte qu'un répit relatif dans la canicule de ces derniers jours, où dès le matin les températures dépassent les 30°C.
Plusieurs grandes villes ont été placées en alerte rouge par les autorités, ce qui veut dire que la chaleur comporte des dangers même pour les individus en bonne santé.
Elena Civitelli, archéologue dans ce chantier au pieds du marché de Trajan, ne se souvient pas "avoir autant souffert dès les premières heures du matin" en vingt ans d'expérience.
"Dès 06h00, on n'a aucune fraîcheur", dit-elle à l'AFP et "ici les ouvriers travaillent beaucoup à la main: à la pioche, à la brouette et à la pelle, donc heureusement qu'on termine à 12h30 parce que travailler l'après midi ne serait pas possible".
Autour des ruines, les touristes cherchent l'ombre, entassés au pied des arbres et le long des murs pour échapper au soleil, interpellés par les serveurs des restaurants voisins, qui malgré la chaleur, restent au milieu des trottoirs pour attirer les clients.
"Ca te tue. (...) Ce matin déjà à 08h00, je transpirais beaucoup", explique Emanuele, 38 ans, qui se réveille entre 02h00 et 03h00 du matin pour aller livrer des fruits et des légumes dans les restaurants de la capitale: "Tu sens tout ton organisme en souffrance".
La chaleur tue au sens propre et est cause d'accidents du travail. Lundi, le gérant d'une entreprise de construction est mort vers midi sur un chantier, pris de malaise.
Les effets de la canicule se conjuguent à l'insuffisance de mesures pour prendre en compte la sécurité au travail en Italie, où 797 personnes ont perdu la vie des suites d'un accident professionnel en 2024, d'après un décompte officiel.
Un ouvrier, qui a préféré rester anonyme, a confié à l'AFP mercredi que l'ordonnance de la région est loin d’être toujours respectée dans les chantiers romains. "Il suffit de marcher dans la ville, et tu les verras toujours travailler."
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