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Grèce: les députés se prononcent sur la possibilité d'une journée de travail de 13 heures
Grèce: les députés se prononcent sur la possibilité d'une journée de travail de 13 heures / Photo: Aris MESSINIS - AFP

Grèce: les députés se prononcent sur la possibilité d'une journée de travail de 13 heures

Les députés grecs doivent se prononcer mercredi sur une réforme controversée du gouvernement conservateur qui instaure la possibilité, sous certaines conditions, d'une journée de travail de 13 heures.

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A deux reprises, le 1er octobre et mardi, la Grèce s'est retrouvée partiellement paralysée par une grève générale pour protester contre un projet de loi "digne du Moyen-Âge", selon des syndicalistes.

Syndicats et opposition sont en effet vent debout contre un texte défendu par la ministre du Travail et de la Sécurité sociale, Niki Kerameus, qui prévoit notamment que, moyennant une rémunération supplémentaire de 40%, un employé puisse travailler jusqu'à 13 heures par jour pour un seul employeur.

Dans un pays où l'économie s'est redressée depuis la crise financière, restant toutefois fragile, cette possibilité existe déjà mais uniquement si un employé dispose de deux employeurs ou plus.

- Volontariat -

La durée légale du temps de travail quotidien en Grèce est actuellement de huit heures avec la possibilité d'effectuer jusqu'à trois heures supplémentaires.

Seul le parti du Premier ministre Kyriakos Mitsotakis, Nouvelle-Démocratie (ND), au pouvoir depuis 2019, devrait voter en faveur de ce texte en raison de l'opposition de tous les autres partis au Parlement.

Cette disposition ne sera valable que "jusqu'à 37 jours par an" et sur la base du volontariat, a assuré la ministre du Travail, pour qui parler de "la journée de 13 heures" est "incorrect et trompeur".

Car ce terme "laisse entendre que nous allons tous travailler 13 heures par jour, toute l'année", a-t-elle martelé sur la chaîne de télévision privée Skaï.  

"Est-ce vrai ? (...) Non. Cela peut se faire jusqu’à 37 jours par an, soit en moyenne trois jours par mois", a-t-elle précisé.

Employés du privé et du public sont descendus à deux reprises dans les rues pour fustiger une "nouvelle aggravation d'une situation déjà profondément problématique", selon la Confédération des travailleurs grecs (GSEE).

Elle affirme que beaucoup d'employés n'auront guère la possibilité de refuser de travailler 13 heures "compte tenu du rapport de force déséquilibré entre employeur et salarié, renforcé par la précarité qui prévaut sur le marché du travail".

- Bafoué -

Les syndicats estiment également que le droit à un repos obligatoire quotidien de 11 heures sera bafoué, notamment en raison du temps de transport pour se rendre sur le lieu de travail.

"Travailler 13 heures par jour signifie qu'il ne reste absolument aucun temps libre pour mener une vie un tant soit peu digne: passer du temps avec ses amis (...), sa famille", s'est insurgé Dimitris Polyzoidis, un technicien en informatique de 37 ans, qui a défilé mardi à Thessalonique, la deuxième ville de Grèce.

Sofia Georgiadou, 29 ans, employée dans un magasin, a dénoncé "une nouvelle tentative de légaliser l'esclavage moderne".

"Trouvez-moi une seule personne qui veuille travailler 13 heures par jour ! C'est révoltant qu'on piétine nos droits", a-t-elle ajouté.

A Athènes, Maria, employée dans une société de construction, craint de devoir travailler davantage.

Les employeurs "trouvent toujours les moyens d'imposer ce qu'ils veulent", assure cette femme de 46 ans qui n'a pas souhaité donner son nom.

En Grèce, le temps de travail hebdomadaire, de 39,8 heures, est supérieur à la moyenne des 27 pays de l'Union européenne (35,8 heures), selon Eurostat.

Il cache aussi de fortes disparités et les salaires restent particulièrement bas. Dans le secteur touristique, au "pic" de la saison, serveurs ou cuisiniers enchaînent les journées à rallonge parfois sans le moindre repos hebdomadaire.

"Le surtravail n'est pas un choix, c'est une nécessité (...), les heures supplémentaires sont souvent un instrument de survie", a souligné le quotidien financier Naftemporiki, rappelant que "le paradoxe grec est beaucoup d'heures de travail et une faible productivité".

"L'objectif n'est pas de travailler plus mais mieux", a récemment insisté le président du patronat Spyros Theodoropoulos.

La Grèce a déjà instauré la possibilité d'une semaine de travail de six jours, notamment en cas de forte demande dans un secteur comme le tourisme.

Au deuxième trimestre 2025, 20,9% des salariés de 20 à 64 ans travaillaient plus de 45 heures par semaine contre 10,8% dans l'ensemble de l'UE, selon Eurostat.

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