Les métallos de Novasco seront fixés sur leur sort le 12 novembre
Reprise partielle ou liquidation? Le tribunal judiciaire de Strasbourg décidera le 12 novembre du sort des quelque 760 salariés de l'aciériste Novasco, en fonction de la crédibilité des offres de deux repreneurs présentées vendredi.
La chambre commerciale a interrogé, à huis clos, les repreneurs potentiels, l'industriel Europlasma et le groupe ardennais Métal Blanc, sur leurs capacités de financement pour reprendre l'ex-Ascométal, qui compte actuellement quatre usines en France.
Elle leur a donné deux semaines pour retravailler leurs offres et donner des preuves de la solidité de leur plan, a indiqué à la sortie du tribunal Yann Amadoro, délégué syndical CGT qui a assisté à l'audience aux côtés de salariés du principal site, l'aciérie électrique d'Hagondange (Moselle).
"Il ne suffit pas de dire +j'ai tant de millions+, il faut des preuves. Et ça, aucun des deux candidats n'a pu le faire aujourd'hui", a-t-il regretté.
Si aucune des deux propositions n'est jugée suffisamment convaincante, alors le tribunal pourra prononcer la liquidation du groupe.
Parmi les deux repreneurs potentiels, Europlasma envisagerait de reprendre les quatre sites, à Saint-Etienne, Custines (Meurthe-et-Moselle), Leffrinkoucke près de Dunkerque (Nord) et surtout Hagondange, mais au prix de licenciements (75 sur 450). Métal Blanc n'a en revanche cantonné son offre qu'à un seul site, celui de Leffrinkoucke.
"Sur les autres sites, il y a trop de besoins financiers", a déclaré à l'AFP le directeur de la communication de Métal Blanc, Bruno Guillen. "C'est trop gros pour nous".
- "On a cru en vous" -
Le directeur général de Métal Blanc, Julien Baillon, a été interpellé par des salariés à sa sortie du tribunal, où la CGT avait installé une tente et posé des banderoles sur lesquelles on pouvait lire "Novasco, l'acier décarboné qu'on veut garder".
"Je sais le crève-cœur que c'est pour tout le monde, mais on n'avait pas d'autre choix. Je pense que personne n'aurait souhaité qu'on s'engage et qu'on refasse un fiasco comme les années précédentes", a justifié Julien Baillon.
"Beau parleur!", l'ont coupé d'autres salariés, certains laissant échapper des grossièretés.
"Vous nous devez des excuses, Monsieur Baillon, à tous autant qu'on est ici. Parce qu'on a cru en vous", lui a dit, au bord des larmes, une salariée, Flavie Michel.
"Quand on nous a dit qu'on passait une énième fois en redressement judiciaire, on s'était dit que c'était fini, on s'était fait une raison", a-t-elle dit à l'AFP a posteriori."Il nous a remis de l'espoir, et le soufflé est redescendu. Où on va? Qu'est-ce qu'on va faire demain? Qu'est-ce qu'on va faire, licenciés 15 jours avant Noël? C'est un drame pour 450 familles sur le bassin de Hagondange."
- "Non-sens" -
Novasco, qui fabrique des aciers spéciaux, notamment pour le secteur automobile, en est à son quatrième redressement judiciaire depuis 2014.
Le groupe avait été repris en 2024 par le fonds d'investissement britannique Greybull Capital, qui avait promis d'y injecter 90 millions d'euros tandis que l'Etat verserait 85 millions.
Si l'Etat a globalement tenu ses engagements financiers, Greybull n'a apporté que 1,5 million d'euros, selon les syndicats.
"Il y a un autre investisseur qui se positionne sur ce site-là (Hagondange, NDLR), peut-être pas pour toute l'activité", a déclaré jeudi le ministre délégué chargé de l'Industrie, Sébastien Martin, interrogé sur BFM Business, sans plus de précisions.
Les syndicats en appellent aux pouvoirs publics pour sauver cette aciérie électrique, dont la disparition serait, selon eux, un "non-sens écologique et stratégique".
"Ce que je sais, c'est qu'on va se battre jusqu'au bout sur ce sujet-là", a assuré Sébastien Martin, annonçant qu'il verrait la semaine prochaine l'ensemble des élus locaux "pour envisager toutes les possibilités sur ce site".
L'industrie sidérurgique européenne multiplie les plans de licenciements, souffrant entre autres de la concurrence chinoise, des coûts élevés de l'énergie, ainsi que des difficultés des constructeurs automobiles, gros consommateurs d'acier.
姜-A.Jiāng--THT-士蔑報
 
         
                                 
                                 
                                