Le G7 lancera une "alliance" pour contrer la domination de la Chine sur les minéraux critiques
Les ministres de l'Énergie du G7 ont annoncé jeudi au Canada le lancement d'une "alliance" pour contrer la mainmise chinoise sur les minéraux critiques, afin de garantir un accès plus fiable à ces ressources indispensables aux technologies du futur.
Cette réunion de deux jours des sept pays s'est ouverte à Toronto quelques heures après la signature d'un accord entre le président des Etats-Unis Donald Trump et son homologue chinois Xi Jinping sur l'approvisionnement en terres rares, utilisées dans nombre de produits, des panneaux solaires aux missiles de précision.
"Un bon signe", selon la ministre allemande de l'Économie et de l'Énergie Katherina Reiche, qui a souligné devant la presse à Toronto la dépendance de son pays aux exportations chinoises de minéraux critiques.
"Nous devons diversifier nos routes d'importations sur les matériaux bruts", a-t-elle ajouté.
C'est avec en tête la domination croissante de la Chine sur le raffinage et la transformation des terres rares que les chefs d'Etat et de gouvernement du G7 avaient d'ailleurs lancé, en marge de leur sommet au Canada en juin, un "Plan d'action sur les minéraux critiques".
Ce plan va se formaliser à Toronto avec la création de "l’Alliance sur la production de minéraux critiques", a annoncé jeudi le ministre canadien de l'Énergie Tom Hodgson.
Cette entente visera à "établir des chaînes d'approvisionnement en minéraux critiques transparentes, démocratiques et durables à l'échelle du G7", a dit M. Hodgson.
Dans le cadre, la Grande-Bretagne, le Canada, la France, l'Allemagne, l'Italie, le Japon et les Etats-Unis vont mobiliser des investissements privés afin d'augmenter la production de minéraux critiques en contournant la Chine, et ainsi réduire son influence sur les marchés.
- "Redistribuer le pouvoir" -
Pour le responsable de la division des minéraux critiques à l'Agence internationale de l'énergie, Tae-Yoon Kim, la réunion de Toronto offre "une opportunité majeure (...) pour commencer à redistribuer le pouvoir sur le marché".
"La forte concentration du raffinage des minéraux critiques dans un seul pays (la Chine, ndlr) crée des risques économiques et de sécurité nationale", explique-t-il à l'AFP.
Car si de nombreux pays possèdent d'importantes réserves minérales, la Chine domine grâce à sa capacité de traitement et de raffinage, notamment des terres rares, utilisées dans un grand nombre d'appareils du quotidien et de haute technologie.
Et comme une grande partie des minéraux passe par des entreprises contrôlées par la Chine, Pékin peut consolider ses réserves et contrôler l'offre mondiale.
"Nous faisons face depuis des années à un concurrent qui a systématiquement faussé les marchés, utilisé des subventions industrielles, créé des surcapacités et sapé le commerce équitable", estime Abigail Hunter, directrice du Center for Critical Minerals Strategy, groupe de réflexion basé à Washington.
Pour Mme Hunter, les membres du G7 ont des priorités divergentes en matière de politique énergétique, notamment en terme de transition vers les énergies propres, et les politiques commerciales protectionnistes de Donald Trump, qui ont provoqué des bouleversements économiques mondiaux, pourraient fragiliser leur unité sur les minéraux critiques.
Mais ils partagent une inquiétude commune à propos de la "sécurité de l'approvisionnement", assure cette analyste, alors que la Chine impose des contrôles d'exportation plus stricts sur les terres rares.
Selon elle, une réelle avancée à Toronto passera par des mesures concrètes sur la traçabilité et la transparence, afin notamment de réduire l'empreinte sur le marché mondial de sociétés "opaques" contrôlées par la Chine et présentes sur toute la chaîne d'approvisionnement.
"La fenêtre d'opportunité pour régler ce problème est encore ouverte mais elle est très, très petite", prévient Abigail Hunter, qui presse les pays du G7 d'agir rapidement.
韓-L.Hán--THT-士蔑報