

La course aux métaux, au coeur des tensions géopolitiques, souligne le rapport CyclOpe
La course aux métaux et minéraux est au coeur des tensions géopolitiques et ravive "l'histoire dans sa forme la plus crasse" avec un retour "des empires" et des "annexions de territoires", a estimé Yves Jegourel, coordonnateur du rapport CyclOpe sur les matières premières, paru mardi.
Avec Donald Trump, ses droits de douane et ses prétentions sur le Groenland ou les terres rares ukrainiennes, les "tabous sont tombés", a souligné M. Jegourel, professeur au Conservatoire national des arts et métiers, lors de la présentation à la presse de la 39e édition de ce rapport.
L'année 2024 a été marquée par une "volatilité extrême" des prix des métaux: certains comme l'or et l'argent ont "atteint des sommets" et des métaux stratégiques comme le germanium ou le gallium ont progressé de respectivement 56% et 33%, selon le CyclOpe.
Dans le même temps, les cours de certains métaux liés à la transition énergétique et aux batteries électriques ont chuté: le nickel "s'est effondré" (-22%) en raison d'une surabondance de l'offre. Le lithium a perdu 57%.
"Ce qui fait la différence sur les prix, ce n'est pas la demande, mais la contrainte sur l'offre", qu'elle soit géologique (raréfaction des gisements ou des teneurs), sociétale, environnementale, logistique ou géopolitique, a ajouté l'expert, qui coordonne les 70 auteurs de l'ouvrage avec Philippe Chalmin, professeur émérite à l'université Paris-Dauphine.
"Les métaux sont un enjeu majeur de souveraineté et de puissance, et revêtent un enjeu d'autant plus stratégique qu'ils sont au cœur de la transition énergétique", a ajouté M. Jegourel, soulignant un besoin de "cohérence" dans les politiques publiques européennes et une nécessaire "sobriété" pour réussir la transition.
"Une voiture électrique de 2 ou 2,5 tonnes ne va évidemment pas, même électrique, dans le sens de la transition énergétique", a-t-il lancé.
L'expert déplore que l'histoire ait "éloigné le citoyen des matières premières" et évoque "un travail à faire" notamment vis-à-vis de l'acceptation sociétale des mines.
"Il faut que tout le monde comprenne qu'on ne peut pas rouler en trottinette électrique dont les batteries sont alimentées par du lithium australien, et s'opposer à la mine" a-t-il ajouté.
Selon lui, un "sujet majeur" se joue aussi autour de l'étain et "de ce qui se passe au Myanmar", pays clé de production de ce minerai et où la production s'est réduite.
Les cours de l'étain ont progressé de 16% en 2024, soutenus par le boom de l'intelligence artificielle, puisqu'il en faut pour "toutes les micro-soudures des composants électroniques".
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