

La Chine et l'Asie centrale célèbrent leur "amitié éternelle" lors d'un sommet régional
Le président chinois Xi Jinping et les dirigeants d'Asie centrale ont célébré mardi leur "amitié éternelle" lors d'un sommet au Kazakhstan regroupant les cinq ex-républiques soviétiques centrasiatiques et Pékin, qui affirme sa puissance dans la région aux dépens de l'influence historique de la Russie.
Ce deuxième sommet "Asie centrale-Chine" à Astana réunissaient Xi Jinping avec les chefs d'Etat du Kazakhstan, du Kirghizstan, de l'Ouzbékistan, du Tadjikistan et du Turkménistan.
Hormis la signature de ce "traité de bon voisinage, d'amitié et de coopération éternels", la Chine a aussi annoncé un prêt d'environ 209 millions de dollars pour les pays centrasiatiques, qui occupent une place majeure dans les grands projets d'infrastructures chinois des "Nouvelles routes de la soie".
Sous influence russe entre le milieu du XIXe siècle et la chute de l'URSS en 1991, l'Asie centrale, à la situation géographique stratégique entre Asie et Europe et regorgeant de ressources naturelles, est convoitée par les grandes puissances tentant d'y concurrencer Moscou.
Avant la session plénière du sommet, Xi Jinping avait tenu des entretiens bilatéraux, appelant à multiplier la coopération tous azimuts avec cette immense région grande comme l'Union européenne mais seulement peuplée de 80 millions d'habitants.
Selon le média étatique Chine nouvelle, il avait notamment appelé à "faire progresser la construction du chemin de fer Chine-Kirghizistan-Ouzbékistan", l'un des projets phares de Pékin.
- Nucléaire -
Le Kazakhstan, pays hôte et première économie centrasiatique, a qualifié la "coopération énergétique de facteur clé de la stabilité régionale", selon le cabinet du président Tokaïev, soulignant notamment le nucléaire comme domaine important de coopération.
Et ce alors qu'Astana a annoncé samedi que les Russes construiraient la première centrale nucléaire kazakhe et les Chinois probablement une deuxième, symbole de la concurrence régionale.
De plus, les entreprises chinoises multiplient les accords dans le domaine énergétique, recherchant par exemple du gaz au Turkménistan, de l'uranium au Kazakhstan et des terres rares au Tadjikistan.
"L'Asie centrale est riche en ressources naturelles, dont l'économie chinoise en plein essor a besoin. Pour Pékin, s'assurer d'un approvisionnement ininterrompu de ces ressources en contournant les voies maritimes instables est un objectif important", souligne, à l'AFP, la politologue kirghize, Narguiza Mouratalieva.
Si les dirigeants centrasiatiques maintiennent de forts liens avec Moscou, le recul de l'influence russe s'accentue depuis la guerre en Ukraine.
Les cinq anciennes républiques soviétiques de la région profitent de cet intérêt croissant et coordonnent leurs politiques étrangères, comme en témoigne la multiplication des sommets "5+1".
Ces formats "5+1" sont régulièrement organisés avec la Chine et la Russie mais aussi l'Union européenne (UE), les Etats-Unis, voire la Turquie et d'autres Etats occidentaux.
"Les pays centrasiatiques oscillent entre différents centres de pouvoir, souhaitant se protéger d'une dépendance excessive à l'égard d'un seul partenaire", note la politologue Narguiza Mouratalieva.
- Moscou pas inquiet -
Lundi, le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, a assuré "ne pas craindre" ce rapprochement entre la Chine, un "partenaire stratégique privilégié", et les pays centrasiatiques, des "partenaires historiques naturels".
Mais la Chine s'est désormais imposée comme le premier partenaire commercial de l'Asie centrale, avec des échanges évalués à 95 milliards de dollars en 2024, selon les douanes chinoises, loin devant l'Union européenne (64 milliards d'après le Conseil de l'UE en 2023) et la Russie, avec 44 milliards.
"Ni la Russie, ni les institutions occidentales ne sont capables d'allouer des ressources financières aux infrastructures aussi rapidement et à une telle échelle, parfois en contournant des procédures transparentes", explique Narguiza Mouratalieva.
La Chine se pose également en soutien des régimes centrasiatiques, majoritairement autoritaires.
"L'Asie centrale borde la région autonome ouïghoure du Xinjiang (et) Pékin considère la stabilité des Etats centrasiatiques comme une garantie de la sécurité des frontières occidentales" chinoises, explique Mme Mouratalieva.
Car la Chine est accusée d'avoir placé en détention plus d'un million de Ouïghours, une minorité musulmane, dans sa région du nord-ouest dans le cadre d'une politique qui, selon l'ONU, pourrait s'accompagner de "crimes contre l'humanité".
Cela alimente la méfiance d'une partie des populations locales envers Pékin, tout comme la dette grandissante et les enjeux fonciers, suscitant chez elles la crainte d'une perte de souveraineté.
馮-X.Féng--THT-士蔑報