

La menace plane à nouveau sur les calèches de Central Park
Objet de virulents débats depuis bientôt vingt ans, les calèches de Central Park sont de nouveau en sursis: le maire de New York s'est prononcé en faveur de leur interdiction mercredi, réjouissant les défenseurs de la cause animale et ulcérant les cochers.
L'attraction, dont le prix varie de 150 dollars pour 45 minutes à plusieurs centaines de dollars pour une demande en mariage, reste prisée des touristes. Les New-Yorkais, en revanche, souhaitent son interdiction "depuis très longtemps", assure à l'AFP Ashley Byrne, de l'ONG de défense des animaux Peta.
L'association animaliste à la pointe de ce mouvement, NYCLASS, a été fondée en 2008. Et, en 2022, 71% des électeurs new-yorkais étaient anti-calèches, selon un sondage mené à l'initiative d'autres ONG.
Rallié à leur cause, le maire Eric Adams a enjoint, dans une lettre, le conseil municipal à interdire au plus vite cette activité, faute de pouvoir le faire lui-même.
L'édile a aussi signé un décret facilitant la reprise des licences des 68 attelages autorisés, soutenant la reconversion des quelque 170 employés du secteur et renforçant les contrôles vétérinaires et en matière de sécurité.
- "Danger et cruauté" -
L'été 2025 a été décisif, estime Ashley Byrne. Pour elle, "le danger et la cruauté de ce secteur ont été largement exposés au grand jour, entre la mort d'une jument dans la rue et quatre incidents dont nous avons connaissance de chevaux qui ont pris peur et se sont mis à galoper".
Qui plus est, l'organisme chargé de la gestion de Central Park s'est pour la première fois prononcé contre les calèches, sur d'autres critères toutefois que celui du bien-être animal.
"La fréquentation du parc atteignant des niveaux record (plus de 42 millions de visiteurs annuels, NDLR), nous sommes convaincus que l'interdiction (...) est désormais une question de santé publique et de sécurité pour les visiteurs", a écrit sa dirigeante, Elizabeth W. Smith, dans une lettre aux élus de la ville.
L'un des moyens d'y parvenir serait que le conseil municipal vote un texte porté depuis 2022 par un représentant du Queens, Robert Holden, qui programme l'arrêt des calèches au 1er juin 2026. Un processus qui semblait jusque-là à l'arrêt.
Mercredi, M. Holden a "applaudi" la prise de position du maire, NYCLASS l'a "remercié" et l'organisme de gestion de Central Park s'est dit "reconnaissant".
- "Tradition séculaire" -
Au contraire, le syndicat représentant la profession - qualifiée de "tradition" remontant à la création du parc au XIXe siècle - estime qu'Eric Adams a "trahi la classe ouvrière new-yorkaise" dans l'intérêt de "promoteurs immobiliers qui cherchent depuis longtemps à libérer les écuries de l'ouest de Manhattan pour y construire des gratte-ciels".
"Tout ce qui concerne le bien-être animal a été étudié et clarifié en 2014-2015", renchérit la cochère Christina Hansen, qui assure que ce travail est "bénéfique" pour les quelque 200 chevaux concernés, "soumis à une réglementation très stricte". Quant à la sécurité, celle-ci blâme plutôt les vélos et trottinettes électriques.
Qui des anti ou des pro-calèches remportera cette manche ? Ces derniers ont eu l'avantage jusque-là.
Dès 2007, un conseiller municipal démocrate proposait de bannir une tradition jugée "cruelle pour les animaux". Sans succès, faute d'avoir le soutien du maire d'alors, Michael Bloomberg.
Son successeur Bill de Blasio avait, au contraire, fait d'une interdiction son cheval de bataille. Il n'était finalement parvenu qu'à réglementer le secteur.
Pour Eric Adams, en tout cas, le temps est compté : les élections municipales auront lieu le 4 novembre et ses chances d'être réélu sont très minces, selon les sondages, la mégalopole préférant largement le candidat issu de la primaire démocrate Zohran Mamdani.
王-A.Wong--THT-士蔑報