Le MI5 alerte les parlementaires britanniques sur des tentatives d'espionnage de la Chine
Le service britannique de renseignement intérieur (MI5) a alerté mardi les parlementaires sur des tentatives d'espionnage de la Chine à leur encontre, une menace que le gouvernement travailliste entend contrer avec de nouvelles mesures, dans un contexte déjà tendu avec Pékin.
Depuis son arrivée au pouvoir en juillet 2024, le Premier ministre Keir Starmer s'efforce de réchauffer les relations avec la Chine, en particulier économiques, tout en devant gérer les craintes croissantes d'une menace de Pékin sur la sécurité nationale.
"Un peu plus tôt aujourd'hui (mardi), le MI5 a émis une alerte espionnage" à destination des parlementaires, "pour les avertir du ciblage en cours de nos institutions démocratiques par des acteurs chinois", a déclaré le ministre en charge de la Sécurité Dan Jarvis lors d'une déclaration devant les députés à la chambre des Communes.
Des agents chinois tentent de "recruter et de cultiver des relations avec des individus ayant accès à des informations sensibles sur le parlement et le gouvernement", par exemple en se faisant passer pour des "chasseurs de tête" externes. Ces tentatives peuvent aussi viser "les assistants parlementaires, des économistes, des employés de think tanks, des consultants en géopolitique ou des fonctionnaires", a-t-il détaillé.
Le MI5 a de son côté communiqué aux parlementaires les noms de deux de ces recruteurs suspects, qui opèrent notamment sur des plateformes en ligne.
Cette alerte intervient quelques semaines après la polémique soulevée par l'abandon de charges contre deux hommes, dont un travaillant au Parlement britannique, soupçonnés d'espionnage au profit de Pékin.
Le gouvernement a été accusé d'avoir fait échouer leur procès pour ménager ses relations avec la Chine, ce dont il s'est toujours fermement défendu.
Le président de la Chambre des communes, Lindsay Hoyle, s'est alors dit "en colère" face aux affaires d'espionnage. "Ce parlement a été espionné. Les bureaux des députés ont été infiltrés", a-t-il déploré mi-octobre, estimant que ces derniers n'avaient "pas bénéficié de la protection nécessaire".
La ministre des Affaires étrangères Yvette Cooper a évoqué les suspicions d'espionnage avec son homologue chinois Wang Yi début novembre et a "été claire (...) sur le fait qu'aucune activité qui menace la sécurité nationale britannique, en particulier en ce qui concerne son Parlement et son système démocratique, ne sera tolérée", a ajouté Dan Jarvis.
- "Contrer" la menace -
Un audit de Londres sur ses relations avec Pékin, publié en juin, avait conclu que les actes d'espionnage de la part de la Chine et ses tentatives de saper la démocratie et l'économie du Royaume-Uni s'étaient accrus ces dernières années.
Dans la foulée, le gouvernement avait annoncé un investissement de 600 millions de livres (700 millions d'euros) dans les services de renseignement.
Mi-octobre, le patron du MI5, Ken McCallum, avait prévenu que le Royaume-Uni devrait "se défendre avec fermeté" contre l'espionnage chinois.
Il a notamment mis en avant le cyberespionnage, les risques de "transferts clandestins de technologie", ou encore le "harcèlement et l'intimidation d'opposants" sur le sol britannique.
L'alerte lancée mardi se produit également à quelques semaines d'une décision très attendue du gouvernement britannique sur le projet de nouvelle ambassade chinoise à Londres.
Cette décision a été plusieurs fois repoussée, au grand dam de Pékin qui n'a pas caché son agacement et rejette régulièrement toute accusation d'espionnage.
Pour tenter de "contrer" ces menaces, le ministre a dévoilé mardi un ensemble de mesures, notamment pour protéger le système électoral, avec un renforcement des règles sur les dons aux candidats et partis politiques et un durcissement des sanctions pour les personnes accusées d'ingérence dans les élections.
Le gouvernement va aussi lancer des campagnes de sensibilisation auprès du personnel politique et parlementaire, ainsi qu'auprès des dirigeants d'universités et du monde des affaires.
Des députés de l'opposition conservatrice ont appelé mardi le gouvernement à aller plus loin en plaçant la Chine au plus haut niveau du registre "FIRS" de surveillance des "influences étrangères secrètes", qui oblige certains ressortissants à déclarer leurs activités. D'autres l'ont exhorté à rejeter le projet de nouvelle ambassade chinoise.
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