Des propositions citoyennes pour remettre les "temps de l'enfant" au coeur de la société
S'émanciper d'un modèle qui met les enfants sous "forte pression" en valorisant "la productivité et la performance": la Convention citoyenne a adopté dimanche 20 propositions pour remettre l'enfant au coeur de la société.
Ces propositions, visant notamment à revoir l'organisation des rythmes scolaires avec le retour de cinq jours d'école dès l'élémentaire ou des cours démarrant plus tard au collège et lycée, ont été adoptées à 119 voix (deux contre, quatre abstentions) en clôture des travaux de la Convention citoyenne réunie au Conseil économique, social et environnemental (Cese).
"Nous allons rester vigilants" sur l'application de ce rapport, a conclu Patrick, l'un des 133 citoyens qui ont planché régulièrement depuis juin à la demande du précédent gouvernement Bayrou.
Le constat de ces femmes et hommes âgés de 19 à 83 ans, sélectionnés pour refléter la diversité de la population (milieu urbain, rural, régions, etc) puis tirés au sort, est qu'"aujourd'hui, l'organisation des temps n'est pas construite pour les enfants, mais en fonction des contraintes professionnelles, des parents et des besoins économiques", a résumé Kenza Occansey, vice-président du Cese.
"Vous avez fait un travail qui comptera pour notre société", a-t-il déclaré dimanche. "Vous avez prouvé qu'on peut faire de la politique autrement, sans s'écraser, sans vainqueurs et sans vaincus."
Parmi les propositions: établir cinq jours d'école "pleins" obligatoires par semaine dès l'école élémentaire, pour mieux étaler les apprentissages, pour le bien-être des enfants.
- "Journées trop denses" -
Car les "rythmes scolaires sont inadaptés aux rythmes biologiques des enfants", constate le rapport, les enfants subissant "un modèle de société valorisant la productivité et la performance", avec des temps libres "de plus en plus rares" et une omniprésence des écrans aux "conséquences majeures sur leur santé, leurs apprentissages, leur développement" .
Le sujet est sensible: la réforme de 2013-2014, qui avait relevé la semaine de quatre jours à quatre jours et demi, fut abandonnée dès 2017 dans la plupart des écoles. Aujourd'hui 90% des communes fonctionnent sur quatre jours.
Mais ce fonctionnement "entraîne des journées trop denses, des irrégularités dans les heures de coucher et de lever qui ont des incidences majeures sur les capacités d’attention et la fatigue des enfants", soulignent les citoyens.
Si un tiers des citoyens souhaitaient raccourcir les vacances, pour alléger les journées de classe, la majorité a opté pour le maintien des 16 semaines actuelles: huit l'été et huit en petites vacances.
Autre proposition: regrouper les vacances de février et de Pâques sur deux zones au lieu de trois actuellement, avec une semaine commune pour "permettre à tout le territoire d’avoir des vacances en commun en particulier les enfants de familles séparées habitant des zones différentes".
Ceci afin de se rapprocher d'une "alternance de sept semaines de cours, deux semaines de vacances", "préconisée par les chronobiologistes". La recommandation devrait faire réagir les professionnels du tourisme.
- Quelle suite? -
Ce rapport s'inspire notamment des travaux à l'automne d'un panel de 20 adolescents (12-17 ans), dont il a retenu l'idée de consacrer les matinées aux cours théoriques et les après-midis aux enseignements plus pratiques. Puis, à partir de 15h30, place aux activités extrascolaires, artistiques, sportives. Et des devoirs allégés.
Au collège et lycée, les cours ne devraient pas commencer avant 09h00 et être limités à 45 minutes, préconise le rapport.
Participer à ces réflexions "m'a enrichie énormément", a affirmé la jeune Fatima, de Noisy-le-Grand, tandis que Souldine, venu de Mayotte, a déclaré avoir "réalisé qu'on pouvait améliorer un tas de choses en France" et considérer le Cese comme sa "deuxième famille".
Reste à savoir quelle suite peut avoir ce rapport, alors que le gouvernement a changé. Il doit être prochainement remis à l'exécutif, puis présenté aux parlementaires en janvier et aux élus locaux pour alimenter les débats aux élections municipales de mars.
Venue dimanche, la Haut Commissaire à l'Enfance Sarah El-Haïry a affirmé que "le gouvernement attendait avec beaucoup de gourmandise" ce rapport, saluant la "trajectoire" ainsi fixée, un "appel à ce que chacun prenne sa part, dans ce que nous devons à nos enfants".
Mais elle n'a évoqué aucun engagement concret du gouvernement quant à une mise en pratique des conclusions de cette Convention, troisième du genre après celles consacrées au climat et à la fin de vie.
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