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En Equateur, l'agonie dans des prisons frappées par la tuberculose et la violence
En Equateur, l'agonie dans des prisons frappées par la tuberculose et la violence / Photo: Gerardo MENOSCAL - AFP/Archives

En Equateur, l'agonie dans des prisons frappées par la tuberculose et la violence

Dans un Equateur gangréné par la violence des groupes criminels, être envoyé en prison s'apparente de plus en plus à une peine de mort, quel que soit le délit.

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Dans le but de libérer le pays de l'emprise des trafiquants de drogue, dont certains opèrent depuis leur cellule, le président Daniel Noboa a fait intervenir l'armée dans 19 prisons en janvier 2024.

Selon les familles de détenus et des organisations de défense des droits humains, cette reprise en main n'a pas seulement échoué à enrayer les massacres commis par les gangs dans des pénitenciers surpeuplés, elle y a aussi aggravé la situation humanitaire.

"Un crime contre l'humanité est en train d'être commis contre les prisonniers", alerte Billy Navarrete, du Comité permanent pour les droits humains (CDH) de l'Equateur.

Les décès de détenus ont augmenté de 137% entre 2024 et 2025, selon Juanita Goebertus, directrice pour les Amériques chez Human Rights Watch, qui a dénoncé le mois dernier "un système défaillant".

D'après le CDH, quelque 600 détenus sont morts depuis le début de l'année dans des cas de malnutrition sévère ou de maladies telles que le VIH et la tuberculose au Pénitencier du Littoral à Guayaquil (sud-ouest), qui compte près de 7.100 prisonniers, ce qui en fait la plus grande prison d'Equateur.

Santiago Hidalgo, 29 ans, arrêté en 2024 sur des soupçons de trafic de drogue, y est mort de la tuberculose en juillet. "Quand je suis arrivée à la morgue, j'ai trouvé mon fils sur plus de cinq autres cadavres. Il était si maigre, juste la peau sur les os", raconte à l'AFP sa mère, Benigna Dominguez, depuis sa modeste maison dans un quartier défavorisé de Guayaquil.

Son corps était couvert d'ecchymoses, ajoute cette quinquagénaire, qui n'a jamais reçu l'autorisation de voir son fils durant ses sept mois d'incarcération.

Au moins 663 détenus sont également morts lors d'incidents violents dans les prisons d'Équateur depuis 2020, selon la Commission interaméricaine des droits de l'Homme (CIDH).

- "Comme un chien" -

Rien qu'en novembre, dix prisonniers sont morts de la tuberculose dans le Pénitencier du Littoral.

L'AFP a sollicité les autorités carcérales au sujet de la mortalité dans les prisons, sans obtenir de réponse.

Réélu en avril dernier sur la base de ses politiques musclées contre les gangs, le jeune président Noboa a fait construire une prison de très haute sécurité pour les délinquants les plus dangereux d'Équateur. Elle s'inspire largement du tristement célèbre Centre de confinement du terrorisme (Cecot) du président Nayib Bukele au Salvador.

L'Equateur est passé en quelques années seulement de l'un des pays les plus sûrs d'Amérique du Sud à une plaque tournante du trafic de cocaïne, en proie à des gangs liés aux cartels mexicains et colombiens.

Les militaires se sont retirés de huit des 19 prisons où l'armée avait été déployée l'année dernière, mais restent dans celles jugées les plus dangereuses, dont le Littoral.

En quête d'informations, des familles désespérées paient des chefs de gang incarcérés pour pouvoir contacter leurs proches via WhatsApp.

Les prisonniers du Littoral décrivent une tuberculose hors de contrôle. Les malades sont mis sur des lits à l'extérieur pour tenter de prévenir la propagation, tandis que les cadavres s'entassent dans la cour de la prison, selon leurs familles.

Les conditions sanitaires sont également désastreuses, avec des eaux usées débordant des canalisations.

"Ils veulent qu'ils meurent", affirme avec amertume la sœur d'un détenu atteint de tuberculose, interrogée par l'AFP.

Elizabeth, qui n'a donné que son prénom, attend de récupérer le corps de son frère, lui aussi emporté par la tuberculose. "Il gît par terre comme un chien dans un bloc de la prison depuis hier, et on ne le laisse pas sortir", dit-elle.

Les organisations de défense des droits humains mettent en doute l'efficacité de la répression menée par Noboa. L'Equateur enregistre en 2025 le taux d'homicides le plus élevé d'Amérique latine: 52 pour 100.000 habitants, selon l'Observatoire du crime organisé en Equateur.

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