Nobel: Machado s'est blessée en quittant le Venezuela
L'opposante vénézuélienne Maria Corina Machado, prix Nobel de la paix, s'est fracturée une vertèbre durant sa sortie mouvementée et secrète du Venezuela la semaine dernière, a annoncé lundi sa porte-parole.
Au risque d'être déclarée fugitive, Mme Machado a quitté Caracas, où elle vivait cachée depuis août 2024, et est arrivée à Oslo dans la nuit de mercredi à jeudi -- trop tard pour assister à la cérémonie Nobel -- au terme d'une opération rocambolesque, à en croire un Américain qui dit l'avoir orchestrée.
L'opposante de 58 ans s'est blessée lors de ce voyage mouvementé dans lequel elle dit elle-même avoir eu peur de laisser la vie.
"La fracture vertébrale est confirmée", a indiqué sa porte-parole Claudia Macero, corroborant une information d'abord publiée par le journal norvégien Aftenposten.
"Pour le moment, aucune information supplémentaire ne sera communiquée au-delà de ce qui figure dans l'article", a-t-elle ajouté dans un message.
Selon Aftenposten, quotidien de référence en Norvège, la fracture a été occasionnée lors de son exfiltration, dans une mer agitée, depuis le littoral vénézuélien à bord d'un petit bateau de pêche.
Elle a été constatée à l'hôpital universitaire d'Ullevål à Oslo, précise le journal.
Sans fournir de détails, Mme Machado a exprimé à plusieurs reprises son souhait de consulter un médecin depuis son arrivée à Oslo.
Sa fracture ne l'a pas empêchée d'escalader une barrière pour aller saluer des partisans lors de sa première apparition publique dans la capitale norvégienne, quelques heures après y avoir atterri.
Bête noire du président socialiste Nicolas Maduro, Mme Machado était entrée en clandestinité au Venezuela en août 2024, quelques jours après une présidentielle à laquelle elle avait été empêchée de participer.
L'opposition, tout comme une grande partie de la communauté internationale, ne reconnaît pas le résultat de ce scrutin qui a permis à Nicolas Maduro d'enchaîner un troisième mandat de six ans.
Maduro a ironisé sur la blessure de la lauréate du prix Nobel.
Machado "dit qu'elle a une vertèbre cassée, mais ce qui est cassé, c'est son cerveau et son âme, car c'est un démon, elle déteste le Venezuela, elle te déteste", a déclaré le président vénézuélien dans son émission télévisée lundi soir.
- Odyssée rocambolesque -
Disant vouloir protéger celles et ceux qui l'ont aidée, l'opposante reste extrêmement discrète sur les circonstances dans lesquelles elle a quitté le Venezuela la semaine dernière.
Mais, selon le récit qu'en fait Bryan Stern, ancien combattant américain qui a créé une société pour extraire des étrangers de zones dangereuses, cette sortie est le résultat d'une opération rocambolesque, baptisée "Golden Dynamite".
D'après lui, Mme Machado a quitté Caracas, déguisée et affublée d'une perruque, et a franchi une dizaine de points de contrôle, sans être repérée, avant de rallier une plage du nord du pays.
Choisi pour ne pas éveiller les soupçons ni s'exposer à des frappes américaines mortelles visant des embarcations accusées par les États-Unis de se livrer au narcotrafic, le vieux bateau de pêche sur lequel elle doit embarquer est en panne.
Une fois réparée, la frêle embarcation navigue de nuit, dans "des creux de 1,5 à 3 mètres" selon Bryan Stern, mais dévie de sa route après la perte de son GPS.
Mme Machado est finalement transbordée, trempée et frigorifiée, sur un autre bateau sur lequel l'Américain l'accueille d'un "Je m'appelle Bryan Stern. Ravi de faire votre connaissance".
A son bord, elle rejoint Curaçao, petite île néerlandophone à une soixantaine de kilomètres, puis prend place à bord d'un avion privé qui la transporte à Oslo, après une escale aux États-Unis.
Interrogée vendredi pour savoir si elle avait eu peur pour sa vie, elle a répondu par l'affirmative.
"Il y a eu des moments où j'ai senti qu'il y avait un risque réel pour ma vie", a-t-elle confié. "Cela a été aussi un moment très spirituel parce qu'au final, j'ai simplement senti que j'étais entre les mains de Dieu".
Le prix Nobel de la paix lui a été attribué pour ses efforts en faveur d'une transition démocratique au Venezuela.
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