

Top 14: à Toulouse, "pas une chose n'est faite sans qu'il y ait de la compétition" (Mola)
Au Stade toulousain, "pas une chose n'est faite sans qu'il y ait de la compétition", a expliqué dans un entretien à l'AFP son manager Ugo Mola, adepte de la "thématisation" des saisons pour maintenir affamé un groupe déjà gavé de trophées.
Inspiré par Pierre Faye, professeur de philosophie rencontré au Centre de droit et d'économie du sport de Limoges, l'entraîneur toulousain, en quête d'un quatrième Brennus d'affilée pour sa onzième saison sur le banc des rouge et noir, emploie cette méthode depuis la saison blanche de 2022.
QUESTION: Quels ont été les thèmes établis en interne lors des dernières saisons couronnées de succès?
REPONSE: "Avant de gagner (le Brennus en juin), on était parti sur l'Odyssée d'Ulysse, parce que c'est un chemin initiatique où il vit plein d'étapes pour revenir à Ithaque. C'est le même homme mais qui revient meilleur que quand il est parti. Et l'idée, c'est de dire à mes joueurs: +on va être les mêmes parce qu'on ne va pas révolutionner les personnes que vous êtes, mais l'équipe va revenir meilleure qu'elle est partie+ (...) On a essayé de ne plus se battre contre nos adversaires directs mais contre les générations (précédentes), et d'avoir la possibilité de marquer le club. Pendant longtemps, je leur ai dit +il n'y en a pas assez, vous êtes encore une génération moyenne, etc...+. Sauf qu'aujourd'hui, ils ne sont pas loin d'être une de celles qui aura marqué le club."
Q: Est-ce une façon de sans cesse regonfler l'appétit des joueurs?
R: "Pour un sportif de haut niveau, la routine est chronophage: il faut venir tôt, te préparer, t'échauffer, t'entraîner, récupérer. On voit un peu partout, dans les carrières des joueurs, une forme de lassitude, d'usure. Le fait de nous embarquer, club, staff et joueurs, sur une thématique, ça permet à tout le monde d'avoir un rôle à jouer à l'intérieur de ça (...) Ce qui fait pour l'instant la force de notre système, c'est qu'on se questionne toujours, que personne ici va dire +non mais t'embêtes pas, on sait+. On sait qu'on ne sait pas."
Q: Est-ce facile de faire adhérer les joueurs à ces projets?
R: "Certes, parfois, quand tu les amènes à l'opéra et que tu dis +on va faire une répétition avec l'Orchestre National du Capitole+... Mais quand les 130 musiciens démarrent, tu vois les regards des mecs qui disent +waouh, quand même !+. On les a aussi amenés sur la thématique de la bouffe, parce que c'est quelque chose d'important, particulièrement dans le Sud-Ouest. Donc on s'est amusé avec des chefs à faire des concours. Parce qu'il n'y a pas une chose qui est faite sans qu'il y ait de la compétition (...) C'est plus que ludique, parce que ludique, à la fin, tu t'en fous de savoir qui a gagné. Alors que eux, ils ne s'en foutent pas de savoir qui a gagné et qui a perdu."
Q: Comment cela vous construit comme manager?
R: "Le manager d'aujourd'hui se pose la question de comment il peut rendre le club à (ses successeurs) dans une meilleure situation que quand il l'a eu. C'est un peu notre obsession avec Didier (Lacroix) et Jérôme (Cazalbou). Evidemment qu'on est ravi d'avoir gagné (le Top 14 en juin), mais je suis aussi fier de la première victoire que de la septième et que de la prochaine, s'il y en a une prochaine."
Q: Quel est le thème instauré cette année?
R: "Tout le monde nous parle du quadruplé (NDLR: réalisé par le Stade toulousain entre 1994 et 1997). Mais en fait, on s'en fout du quadruplé. Ce qu'on veut, c'est être la version du Stade toulousain qui va se donner les moyens d'en être. Et pour ça, la thématique elle est déjà qu'il ne va falloir laisser personne penser ce qu'on doit être. C'est à nous de décider. Le chemin qu'on veut prendre, c'est celui que nous, on va décider. Je dis bien nous, la direction, le club et les joueurs en premiers. C'est à eux de décider quel est le chemin. Et l'autre chose, c'est de se dire: +comment on peut finir cette fameuse Odyssée en revenant meilleur que quand on est parti+."
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