JO-2026: à Cortina, le bobsleigh entre (enfin) en piste
Le serpent de mer des JO-2026 est devenu un toboggan de béton et de glace: à un peu plus de deux mois de la quinzaine olympique, la piste de bobsleigh de Cortina d'Ampezzo accueille à partir de vendredi sa première compétition.
C'est un sacré symbole: la saison 2025-26 de la Coupe du monde de bobsleigh et skeleton, débute sur le site qui a longtemps été la principale épine dans le pied des organisateurs des prochains Jeux d'hiver (6-22 février), la dernière née, après une gestation compliquée, des 17 pistes dans le monde.
Jusqu'à mars dernier, le comité d'organisation Milano-Cortina 2026 ne savait pas où allaient avoir lieu ses épreuves de bobsleigh, luge et skeleton, qui pèsent douze titres olympiques.
Dans son dossier initial de candidature, ces disciplines devaient élire domicile à Cortina sur la piste des JO-1956 rénovée et modernisée.
Ce scénario, très coûteux et complexe à mettre en oeuvre, a fini par être abandonné pour explorer une piste inédite dans l'histoire des JO d'hiver: une délocalisation à l'étranger sur une piste déjà en fonctionnement, en Autriche ou Suisse voisines, voire aux... Etats-Unis, à Lake Placid.
Mais pour le gouvernement ultraconservateur de Giorgia Meloni, il était impensable que les JO-2026, les quatrièmes organisés par l'Italie, ne soient pas 100% italiens.
- 118 millions d'euros -
A l'instigation du N.2 du gouvernement Meloni, ministre des Infrastructures et leader de la Ligue (extrême-droite), Matteo Salvini, l'Italie se lance fin janvier 2024 dans un incroyable et coûteux pari: construire en un temps record une piste de 1.749 mètres de long, comprenant seize virages, pour un montant de 118 millions d'euros.
Et le pari est réussi: treize mois après le début des travaux, jour et nuit, la nouvelle piste Eugenio Monti qui serpente sur les hauteurs de Cortina et arrive en plein coeur de la station-chic des Dolomites, reçoit en mars dernier son homologation, indispensable pour accueillir les épreuves olympiques.
Elle a depuis accueilli l'élite de la luge mondiale pour des semaines d'entraînement olympique, en attendant jusqu'à dimanche les meilleurs équipages de bobsleigh et pilotes de skeleton de la planète.
"Ce qui était un problème est devenu un modèle, cette piste deviendra iconique pour nos sports", estime Ivo Ferriani, le président italien de la Fédération internationale de bobsleigh et de skeleton (IBSF).
Sceptique lorsque les travaux ont débuté, le Comité international olympique (CIO) qui voyait d'un bon oeil la délocalisation à l'étranger pour ne pas construire un équipement coûteux à l'avenir incertain, reconnaît désormais volontiers que le "centre de glisse" de Cortina "représente une certaine forme d'exploit".
- "L'Italie peut" -
"Dieu sait si c'est complexe parce que c'est une usine chimique, une piste de glisse entre le béton et les équipements nécessaires au refroidissement, c'est une construction majeure réalisée en un temps record", rappelle Christophe Dubi, le directeur exécutif des JO.
Sans surprise, le patron de la société d'Etat de livraison des ouvrages olympiques (SiMiCo), Fabio Massimo Saldini, présente ce tour de force comme une victoire pour le gouvernement Meloni, même si tous les travaux, notamment tous les bâtiments d'accueil, ne seront pas terminés pour les JO-2026.
"C'est plus qu'une piste de bobsleigh, c'est une déclaration: quand l'Italie veut, l'Italie peut", insistait le mois dernier Fabio Massimo Saldini.
Parmi les participants à cette première étape de la Coupe du monde, un pilote est très attendu: l'Italien Patrick Baumgartner, champion olympique de la Jeunesse en 2012 et 5e mondial l'hiver dernier.
Depuis plusieurs semaines, avec les autres membres de l'équipe d'Italie, il s'entraîne sur la nouvelle piste: "C'est clairement un avantage pour nous, à nous d'en tirer les plus grands bénéfices", espère Baumgartner.
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