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Cryptomonnaies: quand le pari sur bitcoin se retourne contre des entreprises
Cryptomonnaies: quand le pari sur bitcoin se retourne contre des entreprises / Photo: SEBASTIEN BOZON - AFP/Archives

Cryptomonnaies: quand le pari sur bitcoin se retourne contre des entreprises

La dégringolade des cryptomonnaies depuis octobre a fait vaciller les entreprises qui avaient parié à grande échelle sur le bitcoin, dont les actions en Bourse ont plongé, ravivant les craintes d'une bulle.

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- Pourquoi accumuler des bitcoins ? -

Le bitcoin a initialement progressé cette année, atteignant début octobre un record à plus de 126.000 dollars.

Certaines entreprises ont alors commencé à en accumuler pour diversifier leur trésorerie, se protéger contre l'inflation ou encore attirer des investisseurs séduits par des pespectives de profit.

Certaines étaient déjà liées au secteur, comme les plateformes d'échange ou les sociétés de "minage" --qui "fabriquent" des bitcoins, reçus sous forme de récompense pour avoir participé au bon fonctionnement de cette devise numérique.

Mais d'autres, issues de secteurs totalement différents, se sont aussi mises à en acheter, contribuant à faire grimper son prix.

- Pourquoi l'achat est-il risqué ? -

Pariant sur une hausse constante du prix du bitcoin, certaines entreprises ont eu recours à ce qu'on appelle des "obligations convertibles", c'est-à-dire qu'elles ont emprunté à faible taux, en offrant la possibilité au prêteur de se rembourser en actions.

Problème: si leur action commence à baisser, par exemple car la chute du bitcoin rend leur modèle moins attractif, l'investisseur préfère un remboursement en argent liquide.

La survie de l'entreprise est alors conditionnée à sa capacité à réunir le cash nécessaire.

- Que provoque la chute du bitcoin ? -

Des failles ont pointé à l'automne, le bitcoin baissant progressivement jusqu'à tomber sous les 90.000 dollars en novembre, plus bas qu'en janvier, ce qui a sapé la confiance dans le modèle de ces sociétés.

"La question que le marché s'est très vite posée, c'est: +est-ce que ces entreprises vont être en difficulté ? Vont-elles faire faillite ?+", rapporte Eric Benoist, spécialiste technologie chez Natixis.

Pour Carol Alexander, professeure de finance à l'université du Sussex, la bulle liée à ce type de sociétés "éclate lentement".

Selon elle, la défiance est renforcée par le flou réglementaire et les risques qui les entourent, celles-ci étant sujettes aux cyberattaques ou aux fraudes internes.

- Qu'est-il arrivé à Strategy ? -

L'éditeur de logiciels Strategy --qui n'a pas répondu à l'AFP-- est la plus importante "accumulatrice" de bitcoins, avec plus de 671.000 unités, soit environ 3% de tous ceux qui existeront jamais.

Mais en six mois, son action a chuté de plus de moitié, sa capitalisation passant même brièvement sous la valeur de ses bitcoins.

En cause, ces fameuses obligations convertibles, qui l'exposent au risque de devoir rembourser une lourde dette.

Pour rassurer le marché, Strategy a constitué un fonds de 1,44 milliard de dollars en vendant des parts.

Dans une situation similaire, le spécialiste des semi-conducteurs Sequans a lui liquidé 970 bitcoins pour racheter une partie de sa dette.

- Quel risque de contagion ? -

Si des entreprises en difficulté inondent le marché en vendant leurs bitcoins, leur prix risque de baisser, aggravant la situation.

"Le risque de contagion sur les marchés crypto est alors considérable", estime Mme Alexander, bien qu'il se limite selon elle au secteur, sans "impact majeur sur les marchés traditionnels".

"Nous considérons cette volatilité" comme "le prix à payer pour un potentiel de hausse à long terme", explique à l'AFP Dylan LeClair, responsable bitcoin pour le japonais Metaplanet.

Initialement spécialisée dans l'hôtellerie, cette entreprise poursuit ses achats de bitcoins, qui valent aujourd'hui environ 2,7  milliards de dollars.

- Quel avenir pour le secteur ? -

Pour Eric Benoist, ces sociétés vont devoir monétiser leurs réserves de bitcoins, par exemple via des produits financiers, et ne plus miser uniquement sur la hausse du cours.

"Toutes ne survivront pas", mais "le modèle continuera d'exister", estime-t-il, jugeant inévitable une consolidation du secteur.

Les initiatives continuent: fin novembre, l'entrepreneur français Eric Larchevêque a lancé The Bitcoin Society, une société de trésorerie crypto.

La baisse des cours est "une bonne opportunité puisque ça permet d'acheter du bitcoin moins cher", assure à l'AFP celui qui a aussi co-fondé le spécialiste des portefeuilles de cryptomonnaies Ledger.

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